La grande vague
(Kanagawa-oki nami-ura) 1831.
Estampe 25X38 cm. Musée du Louvre.
Oeuvre de HOKUSAI KATSUSHIKA (1760 – 1849)
Une estampe est l'empreinte réalisée à l'encre sur un support souple à partir d'une matrice.
Pour cette estampe l'artiste a utilisé une gravure sur bois comme matrice.
L'encre est du bleu de Prusse.
Au Japon le décryptage se fait de haut en bas , de droite à gauche, sens contraire de notre lecture occidentale.
Un indice permet de situer la scène, c'est le Mont-Fuji, volcan de type explosif, c'est aussi le thème central.
Le Mont, lointain, calme, immuable, fait figure de spectateur de cette scène furtive (les hommes et la vague disparaîtront avant lui) voire de juge (contraste théâtral du ciel sombre environnant le faîte enneigé) du combat qui se déroule au premier plan.
Le bleu symbolise ici la brutalité de l’océan (l’écume se jette sur les bateaux avec des crocs acérés !) mais aussi les forces terrestres.
Les trois bateaux font face à la vague et symbolisent la bravoure des marins qui affrontent le danger. Les personnes représentées dans les barques le sont sous la forme de squelettes.
Les marins s’arc-boutent sur leur rame pour survivre, le premier bateau est en partie sous l’eau, la vague principale risque de dévaster le second, mais tout le monde à son poste et on tient bon !
Ce combat humide, froid est contrebalancé par un ciel calme, lumineux. La violente force du bleu contraste fortement avec cette puissance apaisante du ciel. Les humains et le mont Fuji, symboles de la Terre, semblent isolés dans ce tableau très marin : le ciel et la mer se rejoignent via un nuage blanc.
Ce tableau est ambivalent : l’homme contre les éléments, les tourments de la mer et la sérénité du ciel, le bois et le papier (matières utilisées pour la création de l’œuvre), le yin et le yang en somme…
D’ailleurs, comme le symbole noir et blanc que nous connaissons tous, il y a une part de noir dans le blanc (le sommet de la vague dans le ciel) et inversement (le mont Fuji coincé entre un ciel noir et une mer déchaînée) ; l’homme semble bien petit au milieu de ces éléments et rappelle ainsi quelques principes du bouddhisme (l’impermanence des choses) et du shintoïsme (toute-puissance de la nature).
Mon petit-fils Théophile l'a interprété à sa façon pour illustrer une tempête